Historique de la mine de Rochonvillers à Algrange (ou Röchling) 1

La mine de Rochonvillers avait son entrée à flanc de coteau à l'entrée nord de la ville d'Algrange, après la ferme du Batzenthal....

                  C'est le 28 juillet 1873 que fut signé l'acte octroyant la concession " Pennsbrünnen " d'une superficie de 213 ha à Meurer de Cologne, ainsi qu'un autre acte otroyant la concession " d'Oeutringen "  d'une superficie de 258 ha à Dillinger Hüttenwerke. Le 14 mars 1882 fut ouverte la mine  " Pennbrunn ". C'est la société Gewerkschaft Rheinische Stahlwerke (usines et aciéries du Rhin) qui débuta l'exploitation de cette mine le 1er juin 1882.

Groupe de mineurs devant l'entrée de la mine en 1905

Peu ou pas de documents concernant cette période de l'annexion, mais alors que la 1^ère guerre mondiale venait à peine de se terminer, une terrible catastrophe vint se produire dans cette mine, le vendredi 3 janvier 1919 à 8h45 ......

Une déflagration provoquée par un éboulement projeta plusieurs mineurs à 75 mètres de leur poste de travail. Des wagonnets furent broyés et des portes coupe-feu de 5 cm d'épaisseur détruites...

Jusqu'au 25 janvier, ce fut 11 corps qui furent retrouvés et remontés au jour. Les recherches prirent fin le 31 janvier après la découverte des 2 derniers corps. Au total ce furent 25 victimes qui périrent dans cette catastrophe (22 mineurs, 2 porions et 1 sauveteur).

Article du Républicain Lorrain du 3 janvier 1969 pour le 50ème anniversaire de la catastrophe

Pendant les recherches, la mine fut mise sous séquestre par ordonnance du tribunal de Metz, le 18 janvier 1919.

Puis la Société des Mines de Fer de Rochonvillers fut constituée en 1920 par la Société des Mines de la Loire et par la Société des Hauts-Fourneaux de Steinfort pour reprendre les mines de fer lorraines, exploitées juqu'en 1918 par des entreprises allemandes et mise sous séquestre par le gouvernement français. Le 29 avril 1920, ces mines furent amodiées par un jugement d'adjudication du tribunal de Metz à la Société des Mines de Rochonvillers, c'est à dire louées pour 99 ans, avec participation de l'Etat dans leurs bénéfices....

Il s'agit des concessions de Rochonvillers, Werder, Pennsbrunnen, Oeutrange, Albert von Oppenheim et Langenberg. L'ensemble s'étend sur une surface de plus de 900 hectares, en partie déjà exploitées. Les réserves reconnues atteignent près de 30 millions de tonnes de minerai calcaire d'une teneur allant de 28 à 32%. Par admodiation, en date du 31 mars 1920, la Société des mines de fer de Rochonvillers, fondée par l'ingénieur Henry COURIOT, se voit confier l'exploitation des mines de fer de " Rochonvillers ". (459 ha sous les communes de Rochonvillers, Angevillers et Escherange).

Deux sièges d'extraction existaient, capables chacun d'une production de 1000 à 1200 tonnes par jour, celui de Langenberg, raccordé à Dudelange aux chemins de fer luxembourgeois, et, celui de Rochonvillers, raccordé à Algrange à la S.N.C.F. Les deux exploitations se font en galeries à flanc de coteau. A Rochonvillers, la galerie principale de pénétration a plus de 4 km de long......

En 1921, la Société d'Athus-Grivegnée ayant pris le contrôle de la Société de Steinfort, la Société de Rochonvillers passa, elle aussi, sous le contrôle de cette Société, qui devint par suite des fusions successives d'Athus-Grivegnée avec Angleur, puis avec Cockerill et Ougrée, la Société Cockerill-Ougrée. A partir de 1923, c'est le baron Raoul de Surville, qui en est le directeur-gérant.

La galerie d'extraction de Rochonvillers traverse même la concession d'Adelaïde. De sorte que l'exploitation de cette dernière peut être conjuguée avec celle de Rochonvillers augmentant les réserves de l'ensemble. La mine de Rochonvillers a été exploitée jusqu'en 1931.

A cette époque, la mévente du minerai a amené la fermeture de Rochonvillers et la concentration de toute l'activité de la Société sur la seule mine de Langenberg....

En 1937, l'exploitation de la mine de Rochonvillers a été reprise pendant près de 2 ans, puis de nouveau arrêtée.....

Fin 1939, pendant la guerre, la mine Langenberg qui se trouvait en avant de la ligne de fortifications, dite ligne Maginot, a été évacuée sous l'ordre de l'autorité militaire, son matériel a été transporté à Algrange, cependant que la mine de Rochonvillers reprenait de l'activité, le 13 juin 1940, sur instructions de l'ingénieur en chef des mines, il y eut sabotage des installations de surface par les militaires français devant l'avance de l'armée allemande.....

Fin 1940, après réparations, les Allemands ont remis la mine de Rochonvillers en exploitation autonome et de la faire communiquer avec la mine voisine d'Angevillers pour pouvoir en assurer, la sortie du minerai par la galerie de cette dernière, la reliant directement au chemin de fer vers Thionville et l'Allemagne. L'exploitation a été reprise sous l'autorité de la " Generalbeauftragte ".

En 1942, il y eu un renfort de main d'oeuvre grâce à l'apport de prisonniers de guerre soviétiques et en 1943, par l'arrivée de mineurs français venant de la mine d'Errouville.....

Vers la fin de l'occupation allemande, arrêt de l'exploitation à la mine de Rochonvillers, démantèlement du matériel minier et ses bureaux qui furent transformés en école préparatoire des mines, et un certain nombre de chantiers souterrains devant être transformés en usine de montage de bombes volantes, ainsi protégée par 150 mètres de recouvrement en béton. La débâcle finale a empêché la réalisation de ce dernier projet....

Fin 1944, à la libération de la région, la mine ne redémarre pas, faute de personnel et de matériel minier. Les maisons ouvrières étaient occupés par du personnel étranger à l'exploitation minière que les lois sur l'habitat protégeaient contre toute expulsion autoritaire.

Les bureaux de la mines dans les années 30 et aujourd'hui

En 1951, à l'arrivée de M. MAURIN, ils effectuèrent de nouveaux sondages et le 1^er mai 1955, il a été décidé de rouvrir la mine de Rochonvillers. Cette décision a été approuvée par les autorités compétentes et un prêt d'un million de dollars a été consenti à la Société par la Haute Autorité de la C.E.C.A.

Un programme de modernisation de l'exploitation a été établi, comportant le remplacement de l'ancien traînage par câble flottant dans la grande galerie d'extraction. Ce système avait l'inconvénient d'être lent, aveugle et d'immobiliser un nombre considérable de berlines. Une série d'autres traînages du même genre équipait le plan incliné central et les galeries secondaires.....

Tout cet ensemble a été électrifié; trolleys et locomotives électriques de 170 chevaux remplacent maintenant avantageusement le câbles. La reprise, a eu lieu le 1^er avril 1958 et la première rame de minerai a été chargée en présence du directeur M. Raoul de SURVILLE et de son adjoint M. MAURIN, puis dirigée vers les usines de Seraing.

Le chargement du minerai au chantier, effectué jusqu'à présent à la main, céda sa place au chargement mécanique......

Un équipement Joy (chargeuse et camion-navettes diesel électrique) est à pied d'oeuvre avec un autre équipement (estacade sur chenilles et camion-navette).  Le nouveau matériel dont dispose la mine est abondant: perforateurs pneumatique et électrique, compresseurs, pompes, ventilateurs, locotracteurs électrique ou diesel, plusieurs centaines de berlines, transformateurs, sous-stations électriques, .....

Dès la fin 1959 fut entrepris la construction d'une descenderie aux abords mêmes du village de Rochonvillers, située au point le plus bas de la concession. Ainsi le minerai allait être collecté en bas, concassé et transporté sur une bande de 1,20 m de large et remonté au jour sur un plan incliné à 17 degrés. Les produits seront alors repris sur une autre bande sur un distributeur rotatif et de là au funiculaire (ou téléphérique) La création d'une usine d'enrichissement du minerai à Metzange, est actuellement en cours....

Le minerai est amené au jour, par une descenderie équipée d'une bande transporteuse et repart par un téléphérique depuis août 1962, reliant la mine de Rochonvillers aux accumulateurs de minerai à Ottange, sur une longueur de 2400 mètres... Puis le minerai est acheminé par des wagons SNCF, sur une voie privée, à Rumelange (Luxembourg), puis vers l'usine mère de la Société Métallurgique et Minière de Rodange-Athus (en Belgique).

Revue mine de Rochonvillers 1963

Mais déjà les premières revendications se font sentir. Le 20 septembre 1962, ce sont 15 mineurs qui vont faire la grève au fond de la mine de Rochonvillers jusqu'au 30 septembre.

Article du Républicain Lorrain du 21 septembre 1962

Photo du Républicain Lorrain du 23 septembre 1962

Article du Républicain Lorrain du 24 septembre 1962

Article du républicain Lorrain du 30 septembre 1962

La reprise est cependant de courte durée et les licenciements de la Société des mines de Rochonvillers, à Langenberg, en février 1963, lancent le signal de la réduction des effectifs dans les mines de fer de Lorraine. En réponse, le 1^er mars éclate une grève de 3 semaines, qui paralyse l'extraction au pays du fer, mais aussi dans le bassin houiller.....

Article du républicain Lorrain du 8 mars 1963

Puis le 13 mars 1963, une grande marche des mineurs sur Paris attire l'attention de l'opinion française sur la situation des mines de fer. Une table ronde se réunit à Metz du 25 mars au 12 juin 1963, sous la présidence de l'IGAME, le préfet M. LAPORTE, mais sans apporter de solution satisfaisante aux mineurs de Langenberg qui se mettent en grève, au fond, du 27 juillet au 30 août 1963.

Mémoires de mines - La grève de 1963 - Ina.fr

Après une évocation des grèves des mineurs de 1963 à travers la presse de l'époque et d'images d'archives de la marche des mineurs de Lorraine sur Paris, puis du meeting de Lens avec 40 000 ...

https://fresques.ina.fr/memoires-de-mines/fiche-media/Mineur00143/la-greve-de-1963.html

Après deux accidents mortels survenus, en quatre ans après sa réouverture, cette exploitation a connu une nouvelle tragédie le 29 juillet 1964, avec la mort de 3 mineurs pris sous un placage de plusieurs tonnes.....

Article du Républicain Lorrain du 31 juillet 1964

D'autres mouvements suivirent (en 1967-1968 à Paris....), et 10 ans plus tard, l'effectif était passé à 166 personnes pour une production de 4 à 5000 tonnes par jour permettant une période d'exploitation de 4 à 5 années.

Article du Républicain Lorrain du 4 avril 1967

Article du Républicain Lorrain du 6 avril 1967

Article du républicain Lorrain du 30 mai 1968

1968 à Paris

Le 31 juillet 1981, la direction envoya 49 lettres de licenciement aux employés sur les 75 qui restaient encore à cette mine. Les 26 autres restants bénéficiant de mesures de préretraite ou de retraite anticipée. Elle ferma ses portes définitivement le 31 octobre 1981.....

Après la fermeture de la mine, le site fut occupé dès 1985 par Roger DEFLORAINE, qui dirigeait une école d'équitation....

En avril 1999, le site et ses installations furent rachetés pour le compte de la SCI VICTORIA (une filiale du groupe de Michel HELFEN)......

RL du 1er août 2000

Après quelques démêlés entre les nouveaux acquéreurs et Roger DEFLORAINE, une décision du tribunal d'instance de Hayange, en date du 24 novembre 2000, mis fin à ce centre équestre.

RL du 4 octobre 2000

Ce vaste projet prévoyait la réhabilitation des 3 bâtiments existants, la construction d'un parc de logements locatifs et individuels, l'ouverture de lots aux commerces de proximité..... Mais depuis rien n'a été fait et le site se délabre, laissant place à la végétation, aux squatteurs et aux joueurs de air-soft  (voir article La mine de Rochonvillers de nos jours)......

RL du 4 octobre 2000

RL du 5 janvier 2001