Pendant la seconde guerre mondiale, les autorités occupantes disposaient dans le sous-sol de la mine Burbach, à Algrange, de 40000 m2 de surface dont la moitié avaient été arpentées d'après le Bergamsbezirk de Thionville. Des travaux pour l'installation de fabrication de fusées eurent lieu sous le nom de code " GUIDO "....
Lors de la Libération de la ville, les Américains découvrirent au fil des jours ces installations souterraines dans la mine Burbach avec des ramifications jusqu'à Fontoy.......
Voici donc l'histoire racontée par Eugène GASPARD dans un livre intitulé " Les travaux du III ème Reich entre Alzette et Fensch " écrit en 1992.....
Le 3 juillet 1944, " l'Oberbergant " de Saarbrücken signale, en ce qui concerne la mine Burbach, qu'avec le concours du Professeur WOLF de la firme " Messerschmitt ", l'architecte ENGEL a pris la direction des travaux d'aménagement pour abriter des ateliers de finition pour Messerschmitt. En dehors des mineurs, affectés par le général chargé des mines de fer, ainsi que des travailleurs de la firme " Speicher " de Wiesbaden, le responsable des travaux XIIb, a ordonné la mutation de 70 ouvriers provenant des services de la reconstruction, pour les affecter aux travaux à exécuter pour l'installation de ces ateliers de finition.
Les travaux miniers à effectuer sur le chantier " Guido " (traçage, recoupe, évacuation des déblais, mise en place de rigoles pour l'évacuation des eaux, déplacement et installations de cloisons, ....) ont été terminés pour le 15 août 1944. Par ailleurs l'aménagement d'un conduit pour la ventilation est en voie de construction. Les firmes, après avoir bétonné les parois inférieures, ont consolidés les parois et entrepris l'installation des lignes électriques nécessaires à l'éclairage.
Au début de l'année 1944, M. THOME, porion à la mine Burbach à Algrange, a été chargé de divers travaux miniers pour le compte de l'organisation Todt. M. MATTUCHI prendra la succession et ce sera finalement M. ZIMMERMANN, porion auprès de cette même société minière, qui en sera le responsable jusqu'à la libération d'Algrange par les troupes américaines, en septembre 1944. Tous ces travaux étaient dirigés par l'Ingénieur-diplômé PODZOLD, assisté de M. WENZEL d'Algrange; le tout étant coiffé par les responsables de l'organisation Todt.
(A Algrange, la mine Burbach accueillit, à compter du 11 mai 1944, cinq cents prisonniers russes de l'organisation Todt)
Il fallait dégager, élargir les galeries existantes et mettre la diagonale IIX au gabarit de 7m de haut sur 5,50m de large, dans le but d'y installer et rendre opérationnel un " Bahnhofstollen " c'est à dire un quai d'embarquement, qui devait être raccordé au réseau des chemins de fer de l'Etat. Dans cette diagonale IIX, il fallait abattre le plafond pour respecter les normes exigées en ce qui concernait la hauteur de 7m. Elle n'atteignait primitivement que 3,20m. Ceci ne pouvait être atteint que par des travaux miniers de garnissage au plafond. Pour ce faire, on glissait sur des rails posés dans des potelles des plaques de béton qui empêchaient les blocs, qui risquaient de se décrocher, de tomber sur les voies et de gêner ainsi la circulation du personnel et des engins.
Précisément le sol de ces galeries devait être bétonné. On chuchotait à l'époque que l'occupant devait y installer une usine souterraine, dont l'entrée serait aménagée du côté de Fontoy, au lieu-dit " Haut-Pont ". La zone définie pour cette implantation s'étendait de Guido IV jusqu'à l'affleurement de la concession Est.
Une autre diagonale, la V, servait uniquement à l'entrée du personnel. Les matériaux nécessaires pour cimenter toutes ces surfaces étaient acheminés par l'entrée principale, qui se trouvait sur le carreau de la mine, rue de Fontoy, à Algrange (des Américains aujourd'hui). C'est sur place que le mortier était mélangé par les hommes des différentes équipes de travail, réparties sur ces chantiers ouverts au fond des galeries de la mine Burbach. Dès que l'état d'avancement des travaux le permettait, on y installait l'éclairage qui était d'une parfaite clarté. Cinquante WC avaient été mis en place en priorité.
A tous ces travaux d'aménagement participait une entreprise qui avait son siège au Luxembourg; naturellement elle recevait les ordres, pour l'éxécution des travaux , des responsables de l'organisation TODT.
M. X... (un témoin), évalue à une centaine le nombre des " Ostarbeiter " occupés dans ces galeries (hommes et femmes, pour la plupart des Ukrainiens). Ils étaient installés les uns dans un camp à Fontoy, les autres à Algrange, à la hauteur de l'ancien concasseur, tout proche du carreau de la mine où ils étaient occupés......
D'après Bundesarchiv / Koblenz (R7 / 1214 / fol.1), 300 " Ostarbeiter " et 500 prisonniers russes travaillaient dans la mine de Burbach " GUIDO ", pour le compte de la firme Messerschmitt AG. Augsburg, disposant respectivement d'une aire de travail (prévisible) de 35000 à 75000 m2 à partir du 11 mai 1944.
Les travailleurs étaient menés durement, sans complaisance; cependant ils n'étaient pas brutalisés. Leur punitions consistaient, entre autres, à rester debout, parfois tout nus, exposés aux intempéries, dans un abri sans protection, situé à l'entrée du camp. Ils devaient attendre là parfois des heures, parfois des nuits entières, selon la gravité de la faute commise. Il est arrivé que certains d'entre-eux, pour provoquer une fièvre qui pouvait les exempter un jour ou deux de travail, aient avalé du sel. Malheureusement quelques-uns, ayant exagéré la dose, furent victimes d'un blocage d'estomac et certains ont sont morts.
Il y eut d'autres cas mortels et bon nombre de ces malheureux seront ensevelis tout nus, peut-être pour récupérer les habits qui faisaient défaut. Ils étaient mal habillés, mal logés et mal nourris. Pour se préserver des puces, il fallait se garder de les approcher de trop près. C'était de pauvres êtres, menant une vie misérable, physiquement et moralement. On racontait aussi qu'une fois tous les travaux terminés, ceux qui iraient travailler là-dedans n'en sortiraient plus, à moins que....Heureusement, personne n'y est entré définitivement.
Tout le matériel que l'on utilisait venait d'Allemagne; il était emballé dans des caisses portant le sigle " Messerschmitt ". Ces caisses contenaient surtout des feuilles de laminage en tôle légère de 40 à 50 cm de long.
Ils disposaient aussi de tôles (toujours en métal léger) de différentes longueurs: de 2,50m à 1,20m, dont l'épaisseur variait de 50 à 25mm. En ce qui concerne les machines-outils, elles n'étaient pas encore montées; placées dans leur emballage, elles sont restés stockées dans les différents quartiers où elles devaient être utilisées. Des petits " Fenwiks ", fonctionnant à l'aide d'accus, servaient pour le transport des matériaux dans les ateliers. Des bacs pour ioniser ces tôles avaient été aménagés dans divers chantiers. Ces tôles une fois traitées devaient servir à la confection de carcasses d'engins.
Personne, à part les hauts responsables, n'était au courant ni du but, ni de la destination, voire de l'utilité ou de l'ampleur de tous ces travaux d'aménagement. On évalue à 55000 m2 la surface prévue et nécessaire pour l'installation d'un tel édifice souterrain qui se composait de 11 km de galeries, d'une largeur de 5m.
A la Libération, les troupes américaines ont pris possession des lieux. Elles y séjourneront encore bien longtemps après la Libération, survenue le 11 septembre 1944.
Les tôles qui sont restées stockées au fond de la mine ont été récupérées par l'armée des U.S.A. Elles ont servi à la confection de panneaux indicateurs nécessaires pour guider leurs convois militaires....
Coupures de presse du 3 octobre 1944
Des bons d'achat " Gutschein " provenant d'un coffre-fort de la mine Burbach, prouve que ce personnel était, du moins en partie, composé de prisonniers de guerre. Ils étaient marqués d'un triangle rouge, correspondant à des détenus politiques.
La " Eisengrube Fentsch " (mine de Fontoy) figure à partir du 11 mai 1944, sur la liste des mines aptes à recevoir des usines ou ateliers souterrains. On pouvait constater sur des plans indiquant le tracé des installations souterraines de la mine de Burbach à Algrange que l'entrée de celle-ci se situait près de Fontoy. Le personnel était celui qui était affecté à la " Erzbergwerk Burbach " (GUIDO), composé de " Ostarbeiter " et de prisonniers de guerre russes.
M. HITLER aurait même eu son Q.G. non loin de là, à Angevillers... Mais là c'est une autre histoire.....