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Le blog de Roland - Algrange d'hier à aujourd'hui

Aux anciens mineurs et à leurs familles des mines d´Algrange de Reinhold (René) BIEGER

8 Novembre 2024, 11:15am

Publié par R.S.

Aux anciens mineurs et aux familles d´anciens des mines d´Algrange de Reinhold (René) BIEGER
Introduction:
 
Né dans une famille de mineurs qui dépasse les 200 ans d´existence, je fais l’essai de remettre ensemble mes souvenirs et mon vécu pour donner un aperçu et surtout pour ne pas perdre un savoir qui sombre lentement dans un brouillard de « c´était encore comment la fois là? ».
Je ne tiens pas non plus à persuader certains anciens mineurs Algrangeois de ce que j´appelle mon savoir car ils ont bien des souvenirs et autres interprétations de choses, de moments vécus dans leur vie de mineur. Ils diront certainement, mais qu’est ce qu´il raconte ce gars là, on ne le connaît même pas ! Oui, cela fait longtemps, et pourtant j´ai aussi partagé cette vie de mineur à Algrange.
Aux anciens mineurs et à leurs familles des mines d´Algrange de Reinhold (René) BIEGER
Alors voici mon récit sur ALGRANGE la cité aux 4 mines
 
Alors là il y aurait quand même une certaine mine qui pourrait se plaindre de ne pas avoir pu prendre sa place qu´elle mériterait, dans la chronologie de cette cité, ma ville natale ! J’énumère, sans évoquer les noms et les histoires des entreprises minières, Burbach, sainte Barbe (oui je le sais elle a été rebaptisé La Paix et même qu´à une certaine époque elle portait le nom Moltke et les vieux Algrangeois parlaient aussi de la mine Stumm, prononcer Stoumme) , puis Angevillers et Rochonvillers. Mais là comme déjà remarqué il en manque encore une qui revendique avec fierté sa place dans cette chronologie ! Et bien oui. Le plateau d´Algrange devenu un vrai fromage de gruyère quand les mines Witten I et II ont été ouvertes en 1898 pour en extraire son minerai jusque 1920. Une bien courte période qui a suffit de grignoter l´intérieur de notre beau plateau et de le rendre comme un gruyère. Alors pour la géographie des lieux, en venant de Knutange, le coté gauche avec les 4 mines et le Witten du coté droit de la vallée. J´écris tout cela pour ceux qui veulent en savoir un peu plus, pour ceux qui s´intéressent à des informations bien lointaines.
Aux anciens mineurs et à leurs familles des mines d´Algrange de Reinhold (René) BIEGERAux anciens mineurs et à leurs familles des mines d´Algrange de Reinhold (René) BIEGER
Sortant d´une famille de mineurs, d´une ancienne famille avec une tradition de plus de 200 ans (depuis les années 1800 mines de fer, mines d´argent, de cuivre en Allemagne, mon arrière grand père avait connu cette époque (1)
 
EXPLICATIONS :
#1 Les mineurs de ma famille :
ARRIÈRE GRAND PÈRE Johann Bieger venu de la Rhénanie-Palatinat (Rheinland-Pfalz) après ses années dans les mines en Allemagne – Friedrichssegen (documents encore dans mes archives) fut embauché à la mine d´Ottange pour ensuite devenir surveillant dans la grande forêt qui appartenait à la société minière. Lui et sa femme reposent au cimetière d´Algrange.
Son fils, Peter Bieger (né à Rüdesheim) fut embauché comme mineur à la Burbach et travailla même encore dans le chantier qui avait été ouvert dans la concession derrière la « Grotte » et dont l´entrée se trouvait à environ 100m avant la Grotte. Entrée de galerie bien construite (comme au Witten) que l´on pouvait encore voir dans les années 50-60. Après la bénédiction de la Grotte beaucoup de travaux étant encore en cours, nous le centre d´apprentissage des mines, en première année, on avait eu comme travail au jour, de mettre sous terre la conduite d´eau aménagée pour la source de la Grotte. Et là on pouvait encore voir cette sortie de galerie qui est maintenant certainement complètement bouchée de remblai, terre, buissons etc.? Je n´ai pas connu ce grand père décédé avant ma naissance, il aurait été plusieurs fois blessé, selon les histoires de la famille. Lui et sa femme, ma grand-mère, reposent au cimetière d´Algrange.
Son fils, mon père Julius Bieger, après son apprentissage comme électricien (CAP) fur embauché à la Burbach où il eut se terrible accident.
Son fils, mon frère, Julien Bieger, fut l´homme à tout faire dans et au-dehors de la mine. Bien connu de la Burbach.
Son 2ème fils, moi-même, après le centre des mines avec CAP et mon embauche dans la mine j´ai quitté le pays en 1965.
Le frère de mon vrai père Julius Jules Bieger, alors Jean-Pierre Bieger (dit Hanni) commença comme machiniste dans la mine et en dernier fut l´un des ouvriers au compresseur au fond. Il était aussi bien connu comme opérateur du cinéma Eden.
Un autre Bieger, membre de notre famille (né de l´arrière grand père à Ottange) , selon des informations obtenues de ma mère par Peter Bieger (le grand père), alors ce membre de la famille aurait travaillé à la mine Victor de Nilvange. Hélas pas plus d´informations.
Aux anciens mineurs et à leurs familles des mines d´Algrange de Reinhold (René) BIEGERAux anciens mineurs et à leurs familles des mines d´Algrange de Reinhold (René) BIEGER
Aux anciens mineurs et à leurs familles des mines d´Algrange de Reinhold (René) BIEGER
mon frère Julien Bieger fut le dernier « mineur à la Burbach » de notre famille traditionnelle et moi-même le dernier (2) à avoir apprit ce métier que j´ai quitté en 1965, et là je reste toujours « collé » à ce passé, à ma ville natale que le destin m´obligea (3) un jour de mettre derrière moi. Non, vraiment non ce n´est pas un roman que j´écris là et je ne raconte pas des conneries. Avec mon âge on a plus le temps de raconter des bêtises et en plus de cela, on veut laisser derrière soi des souvenirs réels.
Revenant sur le Witten. Selon mes informations recueillies, il y avait un téléphérique, ou funiculaire qui transportait le minerai depuis la sortie de la mine au dessus de la vallée jusqu'à la mine de la sainte. Barbe Sur une carte souvenir d´Algrange, on peut voir ce funiculaire hélas pas en photo mais en dessin.
Aux anciens mineurs et à leurs familles des mines d´Algrange de Reinhold (René) BIEGER
EXPLICATIONS :
 
#2 Centre d´apprentissage des mines (4 années), puis j’ai été repris par la société ARBED –Burbach dont 2 ans de service militaire.
Garçon d´honneur de la mine en 1959 avec la fille Brigitte Legat, ma sœur Marguerite fille d´honneur en 1956 avec Sylvio Burattini et ma sœur Arlette en 1964 avec (garçon d´honneur dont on se souvient plus du nom? Bien dommage !).
J’ai quitté Algrange en Février 1965 en direction de Constance (Konstanz) ou j’avais fait mon service militaire (Maréchal des Logis) de 1961 à 1962.
#3 Comme beaucoup d´autres qui ont travaillés sous terre, fer, charbon etc., qui se souviennent de ces multiples accidents, catastrophes survenues, il y en a une qui reste scellée dans mon esprit, c´est l´effroyable engloutissement de 10 mineurs 1998 à Lassing en Autriche. Ils reposent encore aujourd’hui dans le fond de cette mine qui est devenue leur tombeau.
 
 
Aux anciens mineurs et à leurs familles des mines d´Algrange de Reinhold (René) BIEGER

C´est mon père (4) né en 1914 qui se souvenait encore d´avoir vu cette installation. Parmi les vestiges de ce qui avait été le carreau de cette mine on trouve un petit wagonnet culbuté qui peut être avait servi comme transporteur sur ce funiculaire?

Les photos de ces vestiges que je n´ai jamais vus en vrai, car le Witten n`était pas mon terrain de jeux, mais on me les a envoyées, comme beaucoup d´autres, par exemple de Roland Sebben que je ne peux que remercier pour son travail immense et le très sympathique Ernest Niessen, hélas décédé en 2022, avec lequel j´avais entretenu des contacts par courrier et par téléphone et qui m´avait fait part de bien des informations pour moi importantes..

Aux anciens mineurs et à leurs familles des mines d´Algrange de Reinhold (René) BIEGER
Aux anciens mineurs et à leurs familles des mines d´Algrange de Reinhold (René) BIEGER
Explications :
#4 Mon père Bieger Jean-Pierre bien connu avec le surnom « Hanni » était le frère de mon vrai père Bieger Julius dît Jules-Pierre né en 1916, électricien à la Burbach, accidenté, électrocuté en travaillant sur le trolley au fond. Je sais seulement qu´un ouvrier avait enclenché le courant. Comment cela c´était passé ? Je n´ai jamais eu de renseignements. Mon père avait survécu mais il en portait et subissait, pendant presque un an, des souffrances atroces (selon ce que ma mère et d´autres de la famille m´avaient raconté, poumons brûlés et dans un état sans espoir, c´était alors en 1942-1943. On ne pouvait plus le rétablir, du tout lui aider. On m´avait toujours écarté de le voir dans l´état où il se trouvait. Soi disant (on me l’a raconté plus tard), il aurait même demandé à ma sœur Huguette (qui avait 13 ans) de lui procurer du poison contre ses douleurs. À l´église d´Algrange (je ne raconte vraiment pas des bêtises) le curé (à l´époque l´abbé Fey, curé de la paroisse) aurait prié pendant une messe pour un homme qui voudrait mourir mais qui ne peut pas..
C´est en mémoire à mon père que je relate cet épisode tragique de notre famille. Après sa mort (28.03.1943), c´est mon oncle Jean-Pierre Bieger (dit Hanni) qui épousa en 1945, ma mère et qui prit en charge les 5 enfants et il aura de cette union en 1947 ma demi-sœur Arlette. Comme beaucoup de jeunes Algrangeois qui ont dû servir dans l´armée allemande (et certains ne sont plus revenus) pour Bieger Jean-Pierre, en mariant ma mère, devenant père de 5 enfants, et bien voila il fut exempt de ce service forcé. Autrement, qui sait ?
Le plateau (5) d´Algrange, avec ses affaissements à certains endroits de la surface, c’était pour nous jeunes gosses des anciennes tranchées de la guerre ! Plus tard bien sûr on avait pris connaissance de la vraie formation du terrain. J´estime que les galeries se trouvaient au maximum à 20 ou 25 m de profondeur. C´est pourquoi suite au dépilage, l´écroulement du plafond se fît « remarquer » jusqu´a la surface. Comme le plateau et la forêt (le bois de sapins, comme nous disions toujours) étaient mon terrain de jeux et d´aventures, ainsi que pour beaucoup de mes jeunes amis, nous connaissions un peu les « entrailles » du plateau. En descendant le bois vers Beuvange et en traversant le chemin de la forêt tout en restant dans le bois on pouvait voir dans la broussaille, à bien 50m à gauche du sentier une sortie de galerie, de même une sortie à bien 100m plus loin. La largeur de la galerie faisait bien 5m ainsi qu´une hauteur d´environ 4m. Depuis l´entrée de la galerie on pouvait entrer environ 50m jusqu´à l´éboulement, ce qui avait été le dépilage. On avait grimpé un peu sur ce grand « tas » ah la curiosité, mais là « la frousse ou la trouille » nous accompagnait. Voir cet éboulement dans une certaine profondeur, quelle fascination ! Du coté des parois de la galerie on pouvait encore voir les traces de forage, la trace des mèches. Cette visite des lieux, on l´avait fait une paire de fois, mais à chaque fois il nous fallait rechercher l´entrée de cette galerie dont cette entrée se bouchait toujours plus avec la terre, les branches et feuilles. Dans l´autre entrée/sortie de galerie, à 100m, oh surprise, au fond juste devant l´éboulement superposé l´un sur l´autre environ 5 sacs (ou plus ?) de ciment. Là absolument pas d’explication! Je n´étais pas le seul à les voir. Cela n´appartenait certainement pas à l’ancienne mine. Grand mystère! L´affaissement du terrain se fit aussi remarquer à coté du chemin au bas du bois de sapins, dans sa bordure de broussailles. Là, une crevasse s´était ouverte, qui fut plus tard clôturée par un grillage, je suppose par la commune, pendant l´année…1954 ?
Plusieurs années de suite on pouvait toujours voir cette crevasse, ce trou.
Pour nous chercheurs d´aventures à cet âge, aussi comme scouts on montait de la rue Marie Douchet, par la rue du cimetière, puis par la rue du Witten pour aboutir sur le chemin rural appelé Scharrenweg, nom que nous ne connaissions pas à cette époque, car nous les jeunes on donnait souvent d´autres noms à ce terrain.
Petite explication: À partir de cette grande cuvette, en bas du bois de sapins, on pouvait descendre par un sentier vers Beuvange. mais sortant du versant bois de Nilvange et là on traversait pour entrer dans le bois (forêt) de l´autre coté et on arrivait vers la ferme du Brandenburger, oui, oui aujourd’hui nous le savons c’était le « Scharren ». Mais où sont passés les vaches?

 

Aux anciens mineurs et à leurs familles des mines d´Algrange de Reinhold (René) BIEGER
Aux anciens mineurs et à leurs familles des mines d´Algrange de Reinhold (René) BIEGER
Explications :
#5 Quand l´armée allemande s´était repliée, le plateau alors à nouveau libre pour nous les jeunes, on trouvait beaucoup de douilles de cartouches car il y a eu pas mal d´accrochages avec les américains qui montaient vers le plateau. Les anciens, les enfants de la rue de la fontaine et Marie-Douchet qui avaient à l´époque 13-15 ans se souvenaient d´un officier allemand au bas de la route qui monte vers le plateau (on disait toujours neue strasse) qui avait averti les enfants de rentrer à la maison, à cause de la situation qui devenait très dangereuse. Dans les évènements qui suivirent Il fut tué et transporté des lieux. Se sont ces anciens qui en on racontés. Un habitant de la rue de la fontaine qui regardait par la fenêtre a été tué par un ricoché de balles, entre maison Baumgartner (le coin rue de la fontaine –rue Clémenceau) et vis-à-vis maison Marie Merotto (rue de la fontaine) qui vendait de la bière sous pression. Oui, notre rue qui avait été le passage des Américains vers le plateau pourrait encore raconter bien des histoires de ce passé.
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