ALGRANGE 1918-1939: Les associations algrangeoises....
Entre 1919 et 1939, la société était à coup sûr une société cloisonnée: hiérarchie professionnelle, habitat, nationalités, langues....étaient autant de barrières favorisant l'isolement et le repli sur soi. Cet état de fait explique peut-être le besoin très important à cette période de se regrouper au sein d'associations, de syndicats, de groupements, et même parfois de partis.
La vie associative était riche et diversifiée; les associations proliféraient.... (Mémoire de maîtrise Nancy 1991 - Vincent GORI)
Dès 1918, les associations purent à nouveau se créer librement selon les dispositions de la législation française désormais en vigueur. Il suffisait de déposer à la mairie les statuts et la liste des membres, membres qui devaient bien sûr être français! (n'oublions pas qu'Algrange avait été annexée depuis 1870 est était allemande).
Association l'Amitié avec son président M. BOURGEOIS
Les associations nées durant la période 1918-1939 furent ainsi très nombreuses. Au total, ce sont près de cinquante sociétés qui cohabitaient à Algrange. Si leur but était souvent purement confraternel, elles étaient aussi très utiles à la propagation des idées du fait de leur prise directe sur la population.
L'intérêt que leur portaient les communistes tout comme leurs opposants traduisaient bien leur importance. Les associations étaient plus attirantes pour les habitants que les structures un peu pesantes des partis ou des syndicats, vis à vis desquels il y avait toujours une certaine méfiance. La plupart des hommesinfluents d'Algrange (maire ou conseillers) s'étaient fait connaître et apprécier dans les associations avant de prendre en main les destinées de la commune. De plus, la juxtaposition dans les cités ouvrières, des différentes nationalités, amenait d'une façon générale les étrangers à se regrouper soit pour des raisons de défense, soit pour des raisons politiques.
Le groupe La Jeunesse d'Algrange en 1928
Si elles n'avaient pas de reconnaissance légale (il fallait conformément à la loi du 18 avril 1908, être Français pour avoir le droit de s'associer). Elles n'en étaient pas moins tolérées par les autorités qui pouvaient plus facilement contrôler des structures organisées. Cependant, à partir de 1938, l'attitude de la préfecture changea. En mars de cette année 1938, le Sous-Préfet demanda l'envoi, pour chaque société étrangère, d'un exemplaire de leurs statuts, car le nombre des sociétés était en hausse constante dans l'arrondissement de Thionville ouest. Mais en juin, le Préfet fit savoir que: " la seule attitude possible est de continuer à ignorer l'existence de telles sociétés déjà constituées et de refuser toute déclaration de dépôt de statuts par les sociétés qui se constituent ".
Le groupe La Jeunesse d'Algrange en 1928
L'envoi de statuts par une association étrangère aurait pu en effet faire naître une situation ambigüe. Cela aurait pu être ressenti par les intéressés comme une véritable reconnaissance d'une existence légale. On en resta donc à la loi du 18 avril 1908. Les associations continuaient donc simplement à être " tolérées et surveillés ". On peut essayer de classer cette vie associative en fonction des pôles principaux qui l'organisaient: les entreprises, la paroisse catholique, l'appartenance nationale et les intérêts professionnels ou de classe....