Témoignage du curé FEY d'Algrange en 1944
Commenter cet article
B
Le blog de Roland - Algrange d'hier à aujourd'hui
Ce blog raconte l'histoire d'Algrange en cartes postales, photos, documents, témoignages, archives, coupures de presse ..... de ses origines à aujourd'hui Vous pouvez me contacter par mail à: blogroland@free.fr mais il faut être patient pour les réponses car j'ai pleins d'autres activités dans la vallée de la Fensch. Merci
10 Février 2016, 18:45pm
|Publié par R.S.
Le curé FEY écrit dans la revue de fin d'année 1944:
" Le 20 août 1944, l'abbé PAULUS et parti en vacances pour Mittelsschäf-Folsheim en Alsace, son pays natal. Le 30 août il voulut reprendre le chemin pour Algrange, mais son train s'est arrêté en route et il retourna à la maison. Le 1er septembre vers 2 ou 3 heures du matin, l'administration nazie prenait la fuite en toute hâte. En me rendant à la mairie à 8 heures du matin, j'ai trouvé toute la population dans la rue se livrant à des discussions et à de vifs commentaires sur la fuite de la nuit. (Les collaborateurs éminents étaient partis aussi) A la mairie, je trouvais M. GILLE Nicolas, M. SCHMUCK Louis et quelques conseillers qui se partageaient les soucis de l'administration transitoire. Trois jours paisibles s'écoulent! Lundi le 4, la police allemande revient et ordonne l'évacuation d'Algrange avant 6 heures du soir! Les gens se tiennent calmes et ne réagissent pas. Mardi 5 septembre, les mêmes ordres sont donnés, accompagnés de passages de S.A. qui menacent de tirer sur tous ceux qui à 6 heures sont trouvés dans les maisons. Même conduite de la population. A 6 heures du soir, on dit que tout le monde restera sur place. Mercredi 6 et jeudi 7, passages de troupes et de la police, en retraite. Dimanche 10 septembre, le canon se rapproche d'Algrange. Le soir à 5 heures (heure de la messe du soir), une colonne d'infanterie américaine venant de Fontoy par-dessus la côte boisée du Burbacherbach, avance par les rues de Fontoy et des Jardins pour monter la côte du plateau. Au coin de la rue des Jardins, je les salue en anglais en leur souhaitant la bienvenue.
Un officier me remercie et me demande après les Allemands. Quelques gens lui donnent des détails sur les postes de mitrailleuses sur le plateau. Attaque des Américains ! Vive fusillade de part et d'autre. Il y a quelques blessés. La nuit vient et les Allemands bombardent Algrange par des obus et des tirs de mortiers. Trois civils sont tués: un dans la cour de sa maison, un devant chez LEHMANN (boulangerie), un à sa fenêtre rue de la Fontaine. Quelques dégâts matériels. Nous nous tenons dans la cave. La nuit venue, les Allemands se retirent du plateau et les Américains passent en grimpant les côtes du plateau avec leurs jeeps en…"
La lecture des actes de décès à la mairie aggrave ce bilan car 4 décès d'Algrangeois par blessures de guerre ont été enregistrés à la date du 10 septembre 1944
- Un homme de 57 ans au n° 4 rue des Jardins, qui était dans sa cour (soi-disant pour nourrir son menu-bétail) qui a été touché par un obus de mortier à 20 heures.
- Un homme de 34 ans demeurant au n° 69 Adolf Hitlerstrasse qui a été tué à 20h30 devant chez lui (et l'hôtel Lehmann) suite à des blessures à la poitrine et qui a été reconnu mort pour la France le 3 août 1946.
- Un homme de 45 ans blessé à sa fenêtre au n° 3 rue de la Fontaine, décédé à 20 heures à l'hôpital (hémorragie suite à blessures aux poumons)
- Egalement un jeune garçon de 15 ans demeurant rue Terre-Rouge qui est décédé à 18 heures à l'hôpital, à la suite de blessures aux poumons provoquées par un éclat d'obus. Parti en promenade en direction d'Angevillers, accompagné de sa mère et de ses 4 soeurs, ils sont réquisitionnés par les Allemands et chargés de remplir des caisses de vaisselle au camp d'Angevillers. Leur travail terminé, ils reviennent sur Algrange, mais sont repérés par un avion de reconnaissance américain, qui les confond avec des soldats allemands et donne leur position à l'artillerie positionnée à Fontoy. Les obus pleuvent, le jeune garçon est mortellement blessé, une des soeurs sera amputée de l'avant-bras, les autres sont touchés, mais plus légèrement. Quelques jours après, un officier, vient présenter à la famille, les excuses de l'armée américaine.
Par ailleurs l'état-civil a enregistré le 12 septembre les décès d'un homme du camp de travail d'Angevillers, tué le 10 septembre à 18h, route de Thionville, ainsi qu'un Knutangeois mort à l'hôpital d'Algrange des suites de blessures au ventre.
Suivez-moi
Newsletter
Abonnez-vous pour être averti des nouveaux articles publiés.
Catégories