N° 24 rue Jean Burger à Algrange - La Croix d'or et le cinéma SAX
L'imposante bâtisse compte trois étages et une douzaine de chambres. Au rez de chaussée, une grande salle dans laquelle sont servis les repas des pensionnaires de l'hôtel. " Mais cette salle de restaurant aura connu bien d'autres destinations au fil des années " se remémore René. Pendant longtemps, elle aura aussi abrité les entraînements de gymnastes locaux, membres de la Société Sportive d'Algrange. La SSA est née en octobre 1919 de la volonté d'un groupe d'anciens de la société Turnverein (fondée le 4 août 1900), dissoute par ordre des autorités allemandes au début de la première guerre mondiale, de remonter le club. (voir mon article sur la chronique du club de gymnastique)
" Pendant toute cette période d'avant la seconde guerre mondiale, l'endroit a servi de salle des fêtes. En même temps on y passait des films pour les jeunes de la paroisse Saint Jean " assure René BIEGER. Cela dure même jusqu'en 1947, date à laquelle est créé le cinéma SAX (lire par ailleurs) après d'importants travaux.
Dès 1948, la paroisse catholique y rejoue aussi des pièces de théâtre, en langue allemande. " Tout simplement parce que la grande majorité des Algrangeois en y incluant ceux de souche italienne, polonaise, etc...parlaient deux ou trois langues, dont ce patois allemand " explique René. Le répertoire mêle tragédies et comédies. " Je me souviens d'une réplique d'un acteur - c'était M. KETTENHOFER - tenant une saucisse à cuire dans sa main, il dit: " Das ist die gute Wurst vom REISER " ce qui veut dire;: " ça c'est la bonne saucisse à cuire du REISER ". Le REISER en question tenait la boucherie juste à côté de la Croix d'Or .
En bas de la scène, un orchestre accompagnait toujours de sa musique les pièces de théâtre, se souvient René BIEGER. Le septuagénaire revoit encore, situé derrière le comptoir, l'armoire à glace qui servait à rafraîchir les boissons. Car qui se souvient que dans ces années d'après-guerre, on n'avait pas encore de réfrigérateurs électriques? " On y plaçait des pains de glace livrés par la Brasserie de Basse-Yutz. Cela durait une semaine ou plus jusqu'à la fonte totale de la glace " explique René qui, visiblement n'a rien oublié de cette époque.
Aujourd'hui, l'hôtel n'est plus. Les chambres qui servaient à loger les ingénieurs de la SMK ont fait place en 1957 à des appartements. La grande salle du rez de chaussée connaîtra la même destinée en 1965. Les fenêtres, portes et volets furent changés, la façade rénovée et plus aucune trace ne subsiste de ce café-restaurant et cinéma à part les cartes postales et photos de l'époque....