Un chirurgien-chef à l'hôpital d'Algrange - Lucien GRIMAULT
Le 26 janvier 1955, le professeur Lucien GRIMAULT s'éteignait à l'hôpital d'Algrange auquel il avait consacré 32 ans d'une vie de travail et de recherche scientifique.
Né le 11 mars 1888 à Dieue-sur-Meuse, une bourgade située entre Verdun et Saint-Mihiel, de Sébastien Marie Adeline Louis NAPOLÉON et de Maria Julia RENAUDIN (d'après les registres de l'état-civil de Dieue en Meuse). Lucien fit ses études secondaires au collège Saint Joseph à Nancy et entra ensuite à la faculté de médecine de Nancy où il franchit rapidement et sans difficultés les étapes qui devaient l'amener à la qualification chirurgicale, lorsque survint la première guerre mondiale. Lucien exerçait dès 1912 les fonctions de préparateur de physique médicale à la faculté et de Professeur de physique au collège Saint joseph..
Un de ses amis, Maurice CHEVASSU raconte " J'avais connu Lucien GRIMAULT dans les premiers temps de la guerre 1914-1918. J'étais médecin-chef de l'A.C.A. 12 installé à Bussy le Château pour l'offensive de Champagne de septembre 1915. J'avais apprécié ce jeune médecin auxiliaire, qui faisait, comme aide-chirurgien, tous ses efforts pour lutter contre le sommeil à la fin de cette rude période d'opérations intensives pendant laquelle nous avons dû opérer pendant quinze jours, presque sans arrêt, à la cadence de six heures de travail et six heures de repos. Lucien devait par la suite devenir chef d'équipe. A faire merveille au cours de la bataille de Verdun, il avait terminé avec une croix de guerre justifiée par 2 citations ".
" La première parce qu'il avait donné des preuves multiples de courage en opérant dans une salle d'opérations sans aucun abri, au cours de nombreux et violents bombardements d'avions ennemis en mai, juin, juillet et aoùut 1917. La seconde parce que le 21 mars 1918, à Soissons, au cours d'un bombardement par obus de gros calibre où un projectile tomba à ses pieds sans éclater, et il a continué son service avec le plus absolu mépris du danger "...
A l'auto-chirurgicale 12, Lucien s'était trouvé à la bonne école. C'est d'elle qu'était partie la technique permettant de guérir les plaies des articulations avec conservation de leurs mouvements. C'était là que la transfusion du sang citraté était née entre les mains de JEANBRAU ou encore la communication sur la suture primitive des plaies de guerre. Cette communication allait être la première, sur plus de 100 faites par Lucien GRIMAULT au cours de sa carrière...
Séduit à l'idée de transférer à la chirurgie de paix les techniques de chirurgie d'urgence qu'il venait d'appliquer depuis 4 ans, c'est au centre industriel d'Algrange qu'il s'installa une fois la guerre finie. Il retrouva donc Algrange, réorganisa l'hôpital, ressuscita la Société des Sciences Médicales de la Moselle et devient président. Celle-ci avait disparu après le désastre de la guerre de 1870. Sa curiosité n'était pas émoussée, il poursuivit ses publications, s'intéressant particulièrement à la chirurgie vasculaire dont il pressentait l'essor imminent.
Deux fois concerné par les guerres mondiales, tout en accomplissant une tâche écrasante, sanctionnée par la Croix de guerre, puis la Légion d'Honneur, il sut en pleine bataille, convaincre ses collègues de traiter les plaies de guerre par la suture primitive, ce qui était révolutionnaire pour l'époque. L'expérience de la traumatologie acquise durant la 1ère guerre mondiale et son patriotisme ardent, le désignèrent tout naturellement aux fonctions de Médecin-chef de l'hôpital des Mines d'Algrange......
La traumatologie, la chirurgie réparatrice, représentaient donc une part importante de son activité à cette époque de pleine activité, avec, une extrême fréquence des accidents de travail dans les 4 mines et à l'usine SMK. Il pratiquait la traumatologie, la chirurgie générale qui incluait alors la chirurgie digestive, la gynécologie, l'urologie...
Son épreuve de Titres et Travaux Scientifiques lui valut l'admissibilité au premier concours, en 1939. Et de nouveau, ce fut la guerre. Mobilisé à l'hôpital Legouest de Metz, il se retrouve après l'armistice à riom, en Auvergne, où il retrouve sa famille. Il fut sollicité pour occuper le poste de chirurgien-chef de l'hôpital de cette ville, mais il refusa pour retourner à Algrange...
Ses distinctions:
- En 1919, il était membre de la Société de Médecine de Nancy
- En 1920, membre de la Société de Gynécologie et d'Obstrétrique
- En 1921, membre de l'Association Française de Chirurgie
- En 1928, membre associé de l'Académie Nationale de Chirurgie
- En 1938, membre associé de la Société Internationale de Chirurgie
- En 1939, admissible au Concours d'Agrégation de Chirurgie
- En 1945, titulaire de la Chaire de Médecine Opératoire à l'Ecole de Médecine de Clermond-Ferrand.
- En 1949, le 28 mai, il préside la séance inaugurale de la Société des Sciences Médicales de la Moselle où il fut avec le médecin-chef BOLZINGER, à l'origine de la résurrection de cette Société née après la guerre de 1870.
- En 1955, il est élu membre de l'Académie de Médecine
Après son décès, il fut remplacé par le docteur René WAEGELE, qui était un de ses élèves. Il fut aidé par le docteur LEGRIS du 2 mai 1955 au 30 juillet 1972.
Ce qui était étonnant, c'est que ne figurait aucune distinction, que l'hôpital d'Algrange, qui bénificia pendant plus de 30 années, de l'activité de ce médecin, n'ait jamais accordé le moindre signe de reconnaissance à cet homme. Le 29 janvier 1955, il y décède et il fut transporté dans le cimetière de la ville de Dieue-sur-Meuse où il naquit.
Le 19 septembre 1986, le service de chirurgie B, de l'hôpital d'Algrange est devenu officiellement le " service du Professeur Lucien GRIMAULT " suite à la proposition faite par le docteur Jean MARCHAL...
L'article du Républicain Lorrain qui lui fut consacré en 2013.....