Livre de Roland SEBBEN - ALGRANGE Cité aux 4 mines - Épanouissement du village avant 1870 (20)
Avant l’expansion due à l’ouverture des mines et de l’usine, Algrange n’était qu’un village depuis quelques siècles.
Aperçu sur l’évolution de la population chrétienne d’Algrange de 1880 à 1905 :
Après que les Croates aient tout dévasté du petit village existant, en 1636, une reconstruction s’est faite aux environs de 1650 comme le témoignait " la Pierre des Croates " enchâssée dans l’ancienne maison GILLE, place du marché. (maison détruite pour le tracé du tramway en 1910). Ce témoignage est actuellement enchâssé au-dessus de la porte du logement de fonction de la Poste rue Clemenceau.
La Pierre dite des Croates a traversé les époques et en 40 ans elle a subi les outrages des hommes avec de la peinture qui la rend de moins en moins visible
- En 1692, il n’y avait que 10 " gens très pauvres " (un petit hameau)
- En 1705, 20 familles de " gens réduits à l’aumône ", environ 70 personnes.
- En 1739, 52 ménages complets y compris la ferme du Batzendal (Batzenthal), soit environ 150 personnes pouvant communier et 50 enfants.
- En 1789, 44 feux, soit environ 220 habitants. En 1845, 341 habitants. En 1873, 371 habitants…
Dans les années 1740 /1750, on trouve à Algrange des noms de familles tels que : BEIREN, BISSERAY, BISSERET, DENIS, DENY, GILLES, GILLE, MARTIN, MERCIER, FRECHEN, FREICHEIN, GUERVIN, PHILIPPE, THILL, SUZANGE, WEBER, MULLER…
La forêt dominait dans cette vallée aux collines boisées, les habitants vivaient en faisant un peu de cultures, en élevant du petit et du gros bétail, de la chasse, de la pêche dans le ruisseau d’Algrange dont les eaux limpides étaient peuplées de truites. Les troupeaux revenant de pâture s’y abreuvaient et de nombreux petits jardins bordaient son cours et les eaux de celui-ci faisaient tourner les moulins d’Algrange. Ceux du nord d’Algrange, les " Batzenthaler-Bach " accueillaient les " Fentscher-Bach ".
Les archives détenues par la mairie pour l’état civil remontent à 1740. Elles permettent de faire connaissance avec les habitants d’Algrange, contemporains de la bataille de Fontenoy et sujets du Roi LOUIS XV.
Nous trouvons une population essentiellement rurale et quelques artisans. Les principales familles s’appellent : Jacques WATRIN, Jean MARLIER, Jean-Baptiste DUFORT fermiers du Batzenthal ; Jean BISSERET, Jean DENIS, Pierre GILLE, NICOLAS, Albert et François PHILIPPE, MULLER, SUZANGE, Arnould VEBERT, WEBERT, MOMPERT, laboureurs, cultivateurs, meuniers; Vincent MULLER, garde des bois…
Comme on cultive beaucoup le lin et le chanvre, plusieurs tisserands et chanvriers sont installés dans le village. Ce sont : Jean GUERVIN, Georges FEHLER, Jacques FRECHIENNE, Georges FREICHEN, CHRIST…
Il faut aussi des cordonniers : Jean NEIS, Jean DUBOIS, Nicolas MERCIER, François BISSERET ; des meuniers : François BEIREN, François BEYER, Noël MOMPERT ; un maréchal ferrant : Albert DEMAINY, un scieur de long : Jean BISSERET ; des manœuvres : Georges WEBER, Noël MARTIN, François LACAVE, Nicolas BERR, Martin WEBER, Arnould PLANCHÉ ; des cabaretiers : Arnould WEBER, Jean PARADIS ; un maître d’école : Jean Louis CHASSEREZ.
Tout ce monde se marie de bonne heure et a beaucoup d’enfants. Entre 1740 et 1750, on enregistre 16 mariages et 84 naissances. Mais la mortalité infantile est considérable, c’est pourquoi la population ne s’accroît pas. On enregistre pour la même période 96 décès. Toutes les cérémonies sont célébrées à la chapelle, place du marché. Les actes sont établis par le vicaire, le maître d’école et contre-signés par le greffier du bailliage ou le maire.
Les archives paroissiales de Fontoy nous donnent une description du village à cette époque, ce qui nous permet d’en avoir une vision un peu plus précise : " Le ruisseau, les forêts et les mauvais chemins suppriment presque toutes communications du village avec les localités environnantes… ". L’impression d’extrême isolement dans lequel était le village d’Algrange nous apparaît renforcée.
Au moment de la Révolution française, Algrange comptait 44 feux. La moyenne admise à cette époque étant de 4 ou 5 habitants par feu, il est donc probable que ce furent environ 200 Algrangeois qui vécurent la Révolution.
Un des effets de celle-ci, fut la mise en place des premiers recensements. Ainsi, à partir du XIXème siècle, les chiffres deviennent plus précis et plus réguliers sur la démographie algrangeoise :
Période de 1802 à 1836 + 67%
de 1836 à 1851 + 7,8%
de 1851 à 1861 - 0,8%
de 1861 à 1875 + 2,2%
Après une brusque poussée dans les premières années du XIXème siècle, la population va stagner autour de 350 habitants.
A cette époque, Algrange est un village germanophone. On y parle le patois luxembourgeois. Les habitants d’Algrange communiquaient avec le monde extérieur par le chemin au fond du vallon, montaient pour ensuite redescendre vers les villages de langue purement allemande au pied du plateau situé au nord de la Fensch. L’empreinte germanique est très présente dans les lieux-dits : "Folvise, Schlammfous, Mondefeld, Steinacher, Fousberg, Chavesberg, Mildweg, Delweg, Sturzen, Batzenthal, Phillipsburg…"