Le double meurtre d'un mineur et d'un agent de police d'Algrange en 1912 (Archives)
Dans le journal Le Lorrain daté du 22 novembre 1912 on peut lire la condamnation à mort en Cour d'Assises d'un algrangeois coupable de meurtre:
- La dernière affaire de la session a été beaucoup la plus importante, et la plus sérieuse. Importante, quant aux crimes commis par l'accusé, il a tué deux personnes. Sérieuse quant à la peine prononcée: Peine de mort et huit ans de réclusion.
Assassinat lâche d'un innocent, sans provocation aucune, et meurtre d'un agent de police, entrain de remplir son devoir; tels sont les crimes qui ont amené le meurtrier, jeune encore, sur le banc des accusés.
Jean BERRESHEIM, c'est son nom, est né le 237 septembre 1885, à Esch-sur-Alzette, au Luxembourg. Il n'a donc que 27 ans. Mineur de profession, il demeure à Algrange, où il a travaillé en dernier lieu. Au commencement de septembre, il quitta la mine et se fit porter malade. Mais au lieu de se soigner, il fainéantisa et dépensa en boissons l'argent versé par la Caisse de maladie. C'est ainsi que nous le trouvons le 23 septembre. Après avoir fait la noce la veille, il se lève tard, à 11 heures, sort avec son beau-frère LANGER, passe dans une auberge, puis dans une autre, avale ici deux verres de bière, là deux verres d'eau de vie et ne rentre à la maison que vers trois heures et demie. Il s'arrête chez la famille GREBER, et là donne libre cours à ses menaces. Montrant un poignard à cran d'arrêt et un coup de poing américain, qu'il s'est acheté deux jours auparavant, il ne cesse de répéter: " Aujourd'hui soir, l'un ou l'autre sera expédié à saint Pierre, même si je devais recevoir 15 ans de réclusion! " Et à qui s'adressaient ses menaces? A un certain LEGRAND, que BERRESHEIM soupçonnait, bien à tort, de lui en vouloir.
Le soir, vers sept heures, il mit son triste projet à exécution. Après avoir fait du tapage dans la rue et renouvelé ses menaces qu'il frapperait le premier venu, il attendit le couteau ouvert sur l'escalier de la maison. Soudain, un locataire entendit quelqu'un monter les marches et crier: " Jacques, viens me chercher, j'ai reçu un coup de couteau. "
C'était un mineur, nommé NEUSCHÄFER, qui se rendait en visite chez des amis, et qui, sans provocation aucune, venait de recevoir de l'accusé un coup terrible dans le bas-ventre.
On s'empressa autour du blessé; on le transporta dans une chambre, et on fit appeler un agent de police, M. SCHMITZ. Le malheureux SCHMITZ, accourut aussitôt; il invita BERRESHEIM à le suivre, et joignant le geste à la parole, il lui mit la main sur l'épaule. Le forcené se retourna aussitôt et envoya au pauvre agent un coup de couteau dans le ventre. SCHMITZ, ayant alors fait usage de son bâton, reçut encore six autres coups de couteau, dont trois absolument mortels. Il s'affaissa. Transporté dans une droguerie voisine, puis à l'hôpital des mineurs, il mourut au bout de trois jours. NEUSCHÄFER succomba dès le lendemain.
L'accusé avoue ses crimes et ne semble pas en éprouver de repentir.
Les jurés rendent un verdict impitoyable; ils le reconnaissent coupable d'assassinat et de meurtre et lui refusent les circonstances atténuantes; toutefois, ils demandent qu'il soit adressé en sa faveur un recours en grâce à Sa Majesté l'empereur.
La cour condamne à la peine de mort et à huit ans de réclusion. Il est est déclaré déchu à jamais de ses droits civiques
Vice de procédure, recours en grâce: rien ne permet au garçon d'échapper à l'échafaud. L'exécution a lieu à Metz, un vendredi 13 du mois de mars 1914. La guillotine est érigée dans la cour de la prison messine devant un parterre de témoins. Mais ce vendredi 13, le bourreau joue de malchance. Le couperet ne sectionne pas la tête entièrement. Il faut terminer le travail à la main, au couteau.
L'horreur jusqu'au bout.....
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