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Le blog de Roland - Algrange d'hier à aujourd'hui

Le monument aux morts d'Algrange

13 Mai 2016, 10:45am

Publié par R.S.

La Moselle est l'un des 83 départements créés par l'Assemblée constituante, le 4 mars 1790, en application de la loi du 22 décembre 1789. Elle connait de nombreuses rectifications de ses frontières jusqu'en 1815. À cette époque, le département se divise en quatre arrondissements : Metz, Briey, Sarreguemines et Thionville.
Le 18 mai 1871, à la suite du traité de Francfort, l'Empire allemand en annexe la plus grande partie, avec une portion de la Meurthe et des Vosges, ainsi que l'Alsace, constituant le Reichsland Elsaß-Lothringen avec Strasbourg pour chef-lieu. De la Moselle, seul l'arrondissement de Briey reste français. Il est rattaché au département de la Meurthe, qui devient de fait la Meurthe-et-Moselle. Durant l'annexion, la Moselle prend le nom de Bezirk Lothringen, l’arrondissement de Metz-Ville devient le Stadtkreis Metz, et celui de Metz-Campagne le Landkreis Metz, et de nouveaux arrondissements sont crées.
Lors de la Première Guerre mondiale, les Mosellans sont incorporés dans l'armée allemande.
Cela explique d'ailleurs pourquoi les monuments aux morts des territoires annexés portent l'inscription " À nos morts " et non celle " Morts pour la France ", que l'on trouve partout ailleurs.
Entre l'armistice du 11 novembre 1918 et la promulgation du traité de Versailles le 10 janvier 1920, la Moselle a été juridiquement un territoire sous occupation de l'armée française.
Lors de la rétrocession officielle de l'Alsace-Lorraine à la France on ne reconstitue pas les anciens départements : on conserve les anciens arrondissements du Bezirk Lothringen, à savoir ceux de Boulay-Moselle, Forbach, Metz, Sarreguemines et Thionville, auxquels on ajoute ceux de Château-Salins et Sarrebourg, jadis du ressort de la Meurthe, dont l'ensemble forme le département de la Moselle.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, en dépit de l'armistice du 22 juin 1940, la Moselle est à nouveau annexée, illégalement et sans préavis, dans le mois qui suit, par l'Allemagne nazie. Elle est intégrée au Gau Westmark, comprenant la Sarre et la Rhénanie-Palatinat avec Sarrebruck pour chef-lieu. Cependant, l'importance de la population francophone amène le Gauleiter Bürckel à procéder à des expulsions massives vers la France.
Les Mosellans sont incorporés de force dans l'armée allemande, à partir de 1942 (Malgré-nous) et plus de dix mille sont transférés en 1943 vers l'Allemagne nazie.
Parallèlement, des groupes organisés de résistance se développent (exp. Groupe Mario, Groupe Derhan). La Moselle est libérée entre septembre 1944 et mars 1945.
Le monument aux morts situé à côté de l'église Saint Jean Baptiste a été construit par la maison SCHERER de Bouzonville en 1923.

 

Le monument aux morts d'Algrange
La construction de ce monument a connu différentes péripéties avant son érection.
                - Dans la séance du 8 décembre 1921, une demande pour le vote d'un crédit pour l'érection d'un monument au cimetière est repoussée à une autre séance. Le 20 décembre 1921, le conseil municipal vote à la majorité un crédit de 5000 francs pour ériger avec le Souvenir Français le monument en question sur le cimetière militaire.
               - Dans la séance du 2 mai 1922, le Président soumet au Conseil Municipal une lettre de Monsieur LESCURE, président du Souvenir Français, d'après laquelle la Société du Souvenir Français a décidé d'ériger un monument devant l'école des garçons (actuelle place des marroniers pour info) pour les soldats tombés en guerre et, sollicite la mise à disposition de cet emplacement à ces fins. Le Conseil Municipal est d'avis que le jardin du presbytère catholique conviendrait mieux pour ériger le monument et décide à la majorité que le terrain nécessaire soit mis à la disposition du Souvenir Français.  
               - Seulement quelques mois plus tard, les élections avaient conduit à la tête de la commune une équipe totalement renouvelée qui ne voulait plus de ce projet. Le Souvenir français se désolidarisa de la municipalité pour mener les affaires à bien. Dans la séance du conseil municipal du 11 mai 1923, la majorité du Conseil vote l'annulation du crédit de 5000 francs voté le 20 décembre 1921, attendu que par suite de travaux urgents exécutés pendant la durée du chômage des grandes industries, tous les fonds de la commune furent épuisés. En outre, la commune sera tenue de reconstruire des nouveaux lieux d'aisances pour l'école protestante, qui au point de vue hygiène sont de grande nécessité. Le montant de 5000 francs pourra d'après l'avis du Conseil Municipal être employé à ces travaux. 
             - Puis dans un extrait du journal daté du 21 septembre 1923: La Volkstribune on peut lire:  A la dernière réunion du Conseil Municipal furent votés dans le point divers: les 5000 francs destinés à acheter des appareils de sport pour la Société de gymnastique des ouvriers. Nous allons voir si la préfecture est aussi pressée à donner son consentement qu'elle l'était pour le refus des 5000 francs destinés à élever un monument aux morts pour la Patrie. Ce qu'un Souvenir  Français peut obtenir d'une commune est également dû à une Société de gymnastique des ouvriers. Monsieur le maire ne devant pas assister à la cérémonie, le monument sera conservé par le Souvenir Français, qui en assurera la garde et l'entretien. La réception des autorités aura lieu le 7 octobre à 14h30 place de la République et le vin d'honneur salle du café PIGNON.
Le monument: Taillée dans le calcaire local, une jeune Lorraine figée est en train de penser. Le flambeau retourné à côté d’elle et les urnes aux quatre coins du monument expriment le deuil qu’elle doit supporter avec vaillance. Les lions placés sur le devant gardent les tombeaux et rappellent aussi que les hommes se sont battus comme des lions avant de mourir. Cinq tonnes de grenaille avaient été déversées autour de la composition : elles provenaient de l’usine voisine, celle-là même où avaient pu travailler les victimes et qui faisait vivre leurs familles
Le monument aux morts d'Algrange
Le monument aux morts d'Algrange
Le programme définitivement arrêté doit être adressé demain aux différents invités. M. Guy de WENDEL, retenu à Hayange le 7 octobre par la fête de la société de Secours Mutuel des ouvriers de son usine et de celle des Luxembourgeois, a décliné l'invitation. M. Jean, député, y assistera et prendra la parole. Les autres parlementaires n'ont pas encore répondu.
            Puis dans une lettre extrait datée du 26 septembre 1923, du commissaire Spécial à Monsieur le Sous-Préfet de Thionville en référence à son rapport n° 5710 du 20 septembre.
Monsieur LESCURE, Président du Souvenir Français, section d'Algrange a reçu hier, de M. le maire d'Algrange datée du 25 courant, la lettre dont copie ci-jointe: " Me référant à votre aimable invitation pour assister à la cérémonie d'inauguration du monument aux morts, j'ai l'honneur de vous informer que le Conseil Municipal, après en avoir pris connaissance, a décidé qu'aucun membre de laN Municipalité ne pouvait participer à cette cérémonie, tant qu'en France l'avenir des Veuves et Orphelins ainsi que des invalides n'est pas assuré suffisamment. De ce fait, je vous prie de vouloir bien rayer sur votre programme la remise du Monument à la Municipalité "  
Cette décision intervenant après la promesse faite par M. HABERKORN d'assister à la cérémonie, démontrerait encore, s'il en était besoin, le rôle de second plan joué par cet homme conseillé et dirigé par M. WITZ, lequel a dû présider à cette délibération. De plus le Conseil Municipal communiste ne pardonne pas à l'autorité administrative d'avoir malgré sa décision de refus, maintenu au Souvenir Français les 5000 francs votés par l'ancienne municipalité, aussi en signe de protestation, cette édilité vient-elle de voter la même somme pour la Société de Gymnastique relevant de la F.S.T. et faire insérer dans le journal " La Volkstribune " du 21 courant l'article dont copie jointe....
A l'origine, le lion couché se trouvait sur la partie avant du monument (La Lorraine terrassant le lion allemand)....A l'origine, le lion couché se trouvait sur la partie avant du monument (La Lorraine terrassant le lion allemand)....
A l'origine, le lion couché se trouvait sur la partie avant du monument (La Lorraine terrassant le lion allemand)....

A l'origine, le lion couché se trouvait sur la partie avant du monument (La Lorraine terrassant le lion allemand)....

A l'origine sur la face avant du monument était inscrit: " A la mémoire des enfants d'Algrange et de nos libérateurs victimes de la Grande Guerre "
Le monument aux morts sous différentes périodes:
- En 1925, lors du Jubilé
- En 1930 
- En 1936
- En 1939, lors du 20ème anniversaire de la Société Alsacienne.
Le monument aux morts d'AlgrangeLe monument aux morts d'Algrange
Le monument aux morts d'AlgrangeLe monument aux morts d'Algrange
Pendant la seconde guerre, elle porte une croix de guerre. En 1942, les nazis devant le monument aux morts...Pendant la seconde guerre, elle porte une croix de guerre. En 1942, les nazis devant le monument aux morts...

Pendant la seconde guerre, elle porte une croix de guerre. En 1942, les nazis devant le monument aux morts...

 A la libération d'Algrange, le 17 septembre 1944.... 

 A la libération d'Algrange, le 17 septembre 1944.... 

En 1949, avec le maire Frédéric SCHULTZ...
En 1949, avec le maire Frédéric SCHULTZ...

En 1949, avec le maire Frédéric SCHULTZ...

Le lion qui se trouvait devant le monument a été déplacé sur le côté gauche, la stèle qui se trouvait sur le 3ème escalier a été enlevé...  

Le monument aux morts d'AlgrangeLe monument aux morts d'Algrange
Le monument aux morts d'Algrange
En 2006, une nouvelle stèle a été posée à droite, pour le 80ème anniversaire par la section de l'UNC d'Algrange et le monument a été nettoyé.
Le monument aux morts d'AlgrangeLe monument aux morts d'Algrange
Le monument aux morts d'Algrange

Les différentes plaques commémoratives apposés sur le monument......

Le monument aux morts d'AlgrangeLe monument aux morts d'Algrange
Le monument aux morts d'AlgrangeLe monument aux morts d'Algrange
Le monument aux morts d'AlgrangeLe monument aux morts d'AlgrangeLe monument aux morts d'Algrange
Le monument aux morts d'AlgrangeLe monument aux morts d'AlgrangeLe monument aux morts d'Algrange

En avril 2013, le monument aux morts a été à nouveau nettoyé par la municipalité...

Le monument aux morts d'AlgrangeLe monument aux morts d'Algrange
Le monument aux morts d'AlgrangeLe monument aux morts d'Algrange
Ce qui mériterait d'être changé c'est les discours nationaux chaque année, le 11 novembre qui sont un peu mal appropriés pour des territoires qui le 11 novembre 1918 étaient encore des territoires allemands. Car le 11 novembre 1918 les gens étaient content que la guerre prenne fin, les drapeaux tricolores et les Marseillaises ne sont apparus qu'à partir du 17 novembre 1918 sur le sol mosellan. L'accueil des troupes françaises a servi d'alibi au président POINCARÉ pour ne pas organiser un plébiscite dont le résultat pour un retour à la France n'était pas garanti.
Le 11 novembre 1918, les territoires annexés de droit et abandonnés par la France en 1871 sont bien un territoire allemand et ce jusqu’au 28 juin 1919 et la signature du Traité de Versailles qui considère rétroactivement que ces territoires sont redevenus français à compter de la signature de l’armistice.
Le 11 novembre 1918, les 230 000 citoyens allemands du Reichsland Elsass-Lotrhringen qui ont dû combattre légitimement sous uniforme allemand étaient bien du côté des vaincus. Ils ne « se sont pas battus pour la France entre 1914 et 1918 » parce qu’ils étaient allemands.
Aussi, généralement en Alsace-Moselle, leurs "noms ne sont pas gravés sur les monuments aux morts". Entre les deux guerres, lorsque le monument aux morts est devenu la règle dans toutes les communes de France, ceux des territoires recouvrés ont, en général, inscrits "A nos morts" puisque les soldats de la Grande Guerre de ces territoires ne sont pas "morts pour la France". Le statuaire, à l’exception d’Ottange, Richemont, Maizières-lès-Metz et Metz, ne fait aucune référence au Poilu bleu horizon.
Dans une France uniformisante avec la volonté d’écrire une Histoire nationale, il n’est pas de bon temps de rappeler cette vérité historique contraire à une construction mémorielle inadéquate pour l’Alsace-Moselle.
A quand une adaptation du discours officiel aux réalités de nos territoires ? 
Texte Philippe WILMOUTH (Président d'ASCOMEMO)
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R
<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Bonjour Monsieur SEBBEN<br /> <br /> D'abord bravo pour la tenue de ce blog, mémoire des Algrangeois.<br /> <br /> Je désire faire un petit article sur le monument aux morts d'Algrange pour le site internet PETIT-PATRIMOINE.COM et pour cela je<br /> recherche des infos.<br /> Je suis tombé sur votre site et pardon, je n'ai pas compris, même après 3 relectures, l'anecdote concernant la municipalité, le Souvenir Français, des toilettes pour l'école protestante<br /> et des appareils de sport pour les ouvriers.<br /> N'étant pas du coin, voudriez-vous s'il vous plait, me dire en clair de quoi il s'agit.<br /> <br /> De plus vous indiquez que l'auteur est la maison Scherer de Bouzonville. Ce sont des marbriers, des tailleurs de pierre, des sculpteurs...? Je n'en trouve pas trace.<br /> J'ai le sentiment que ce monument, original dans sa forme, n'était pas souhaité par tout le monde...<br /> D'avance merci pour une réponse brève, je ne voudrais pas abuser de votre temps.<br /> <br /> René HUMBLOT<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> Je vous réponds par mail dès que j'ai un peu de temps. Merci de vous intéresser à mon blog....<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Merci pour ces photos,il faut garder en mémoire cette page de notre histoire,bonne journée<br /> <br /> <br />
Répondre
R
<br /> <br /> Oui c'est sûr il faut noter et mettre ce qu'on connait avant de disparaître. Laisser une trace de ce qu'on a vécu<br /> <br /> <br /> <br />