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Le blog de Roland - Algrange d'hier à aujourd'hui

Récits et nouvelles d'Algrange, des origines à 1952

31 Mars 2016, 16:40pm

Publié par R.S.

Extraits du livre " Récits et Nouvelles de Lorraine " publié en 1952 par Albert LEDRICH (dit Albert HENRY) concernant ALGRANGE 

(Très intéressant à lire en entier, cela donne une vision d'Algrange à cette époque)

      Lorsque, par un beau dimanche de l'automne 1951, la grotte d'Algrange fut inaugurée, peu de personnes se doutaient que la cité ouvrière, qui comptait au 1er janvier 1952 exactement 8485 âmes, ne s'est développée qu'avec le commencement du siècle.

      A cette époque que l'on appelle " la belle ", la vie était plus facile et moins mouvementée que de nos jours, comparée aux vastes constructions destinées à faire de notre petite patrie une contrée moderne et gigantesque.

      La belle époque avait fait oublier l'effervescence qui avait rempli la tranquille vallée de la Fensch au lendemain de la guerre de 1870-71, lorsque les représentants du " Général-Gouvernement " de Haguenau s'étaient réunis devant l'ancienne mairie de Knutange pour délimiter les frontières du futur " Reichsland Elsass-Lothringen " dont la ligne de démarcation devait d'abord se trouver à Hayange. Cependant, les gisements immenses de minerai de fer décidèrent les Allemands à fixer la frontière derrière la gare de Fontoy où se trouvait le poste de douane (en échange du territoire de Belfort), comme en 1941.

Récits et nouvelles d'Algrange, des origines à 1952

La statue de la Vierge regarde l'ancien emplacement du vieil Algrange, lorsque les eaux du ruisseau faisaient encore tourner les moulins " Robertsmühle " et " Ackermannsmühle ", là où se trouvent aujourd'hui les nombreuses voies de l'usine qui charrient du fer.... Et la rue des Américains menant à la mine de Burbach se prolongeant par un sentier jusqu'au plateau de Fontoy, est celle par laquelle, le dimanche 2 septembre 1944, les premiers soldats américains arrivèrent face au plateau d'Algrange, défendu par un détachement de soldats allemands. En novembre 1918, la fin de la guerre avait été plus paisible pour Algrange, quand les longues colonnes de troupes allemandes traversèrent la Cité du Fer pour retourner en Allemagne.

        Comme le temps passe! Tantôt annexe de Fontoy et d'Angevillers, se trouvant à égale distance par les bois, le nombre des habitants ne dépassait jamais les 400 jusqu'aux environs de 1880 avec l'ouverture de la première mine (Burbach), suivie d'autres par la suite. Depuis ce jour, et suivant le rythme de l'industrie minière, la population s'agrandit très rapidement, passant de plus de 5000 en 1900 à plus de 11000 à la déclaration de la première guerre mondiale. Il en fut naturellement de même pour la construction des maisons, tant privées que des différentes mines. Ainsi qu'on peut le voir, la plus grande partie des maisons fut construite après 1900 et ceci donne un cachet tout particulier à la cité, car nulle part dans les environs ne se trouvent autant de maisons pourvues de décorations architecturales (stuccatures) qu'ici. Ce particularisme s'explique aisément lorsqu'on songe qu'Algrange fut bâti - ceci est un fait - par les Allemands, dont on connaît l'esprit d'organisation et d'initiative.

         Sans vouloir citer des événements " supposés ", les documents de notre pays se trouvant dispersés à Nancy, Strasbourg, Luxembourg, Trèves et Paris, la lecture de vieux manuscrits est une science qui demande un travail de synthèse long et coûteux, un fait marquant et intangible d'une plaque en fonte, murée dans la plus ancienne maison de l'endroit. L'inscription en allemand incorrect nous révèle qu'en 1636, le ci-devant Alkeringis fut complètement brûlé par les Croates (Guerre de Trente  Ans, de 1618 à 1648, terminée par le traité de Westphalie où la France, alliée à la Suède, obtenait toute la Lorraine, qu'elle confia d'abord au roi détrôné Stanislas de Pologne). Le nom de Lorraine fut d'ailleurs revendiqué par la puissante Maison d'Autriche, mais c'est une " autre histoire " que nous laisserons aux spécialistes.

Récits et nouvelles d'Algrange, des origines à 1952

Ainsi qu'il ressort de l'ouvrage de M. l'abbé Jacquemin sur le Justemont, cette abbaye possédait certains droits sur le hameau. Ces droits ne devaient pas être énormes, car les documents parlent également de quelques familles nécessiteuses! De même pour la dîme que percevait le couvent de Sainte Glossinde de Metz où mourut plus tard Irmengarde de Volkrange, fille du seigneur du même village qui continue depuis ce temps son sommeil en rêvant aux splendeurs des temps passés, tandis que son voisin, séparé par le plateau d'Algrange, s'est transformé entre temps en coquette cité ouvrière.

         Son seigneur était jusqu'en 1490 le chevalier de Florange dont la propriété allait jusqu'à l'autre rive de la Moselle (Bousse). La ferme à la sortie du village " Batzenthal " (aujourd'hui propriété de la ville) appartenait à l'abbaye de Villers-Bettnach, dans le canton de Vigy. La ferme " Scharrenhof " ne fut bâtie qu'en 1853 et la troisième " Becker " cessa d'exister en 1940. L'exploitation au-dessus de la " Philippsburg " (Plateau d'Angevillers) s'occupe principalement d'élevage de bêtes à cornes dans les deux parcs traversés par le sentier. D'autres activités de la terre (à part les jardins ouvriers) n'existent plus. L'atout, ici, c'est le minerai de fer.

      Vers le milieu du 13ème siècle, le sus-nommé seigneur de Florange autorisa les moines de Villers-Bettnach, par un parchemin rédigé en latin (les documents sur notre région sont rédigés tantôt en latin, tantôt en allemand et plus tard en français, mais la langue du vieil Algrange, à l'encontre de Fontoy, Hayange et Neufchef, est le luxembourgeois, depuis son origine), à prospecter le minerai de fer dont ils ne semblent pas avoir fait usage, se contentant de certains droits des terrains légués en contre-partie des prières, dites à l'intention des donateurs. Avant l'extraction méthodique en 1811 (ce qui fit découvrir, en 1909, la source thermale), l'exploitation minière, en raison des moyens et des besoins, donna naissance à quelques " fonderies " sur le Conroy ainsi que le prouvent quelques vieux tableaux authentiques.

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La prospection du précieux minerai de fer fut assez prospère près de l'ancien moulin Guss-Thal (et non Guss-Stahl qui prête à confusion). La fonte servait pour les plaques de cheminées, etc. L'acier tel que nous le concevons aujourd'hui ne fut fabriqué qu'après la découverte du procédé de déphosphorisation (Thomas, Martin).

       Dans l'idyllique vallée de la Fensch supérieure se trouvait autrefois une mdeste " fonderie " sur la rivière poissonneuse dont l'eau est si précieuse pour l'industrie. Rappelons à ce propos que les sources (ad fontes, d'où le nom de Fontoy), sous l'ancien château de Fontoy, ont la fâcheuse habitude de se rendre " invisibles " en été, laissant le vieux lavoir pratiquement sans eau. La proximité d'une couche brune à fleur de terre permettait une extraction facile, mais peu poussée (jusqu'en 1900 on s'éclaira encore avec les lampes à huile, jusqu'à l'apparition des lampes à carbure). On ne prenait que le meilleur, comme il a été prouvé par des découvertes, faites à ciel ouvert, à la mine de Fontoy (Bochumer Verein) ouvertes en 1900 et fermées en grande partie depuis 1948. Ses galeries principales traversent toute la côte du bois Sainte-Geneviève pour aboutir au-dessus du parc à fer de l'usine (S.M.K.).

 L'ancienne galerie centrale sortait par la diagonale, presqu'en face de la mine Burbach.

        Rien de semblable à Algrange!.... Ici, point de vieux quartier non plus, comme à Sierck par exemple, rappelant le Moyen Age, de vieilles fontaines comme à Saint-Avold, ou des croix comme on en trouve sur la route d'Oeutrange ou l'antique chapelle d'Entrange dont les habitants vous disent volontiers " Das ass noch aus d'r Römerzeit " mais les Romains n'avaient pas de chapelles, mais des sanctuaires sur l'emplacement desquels furent élevés les premiers témoignages de la Chrétienté. Et la chapelle d'Entrange en est un d'un âge vénérable. L'intérieur est tout à fait récent et l'ardoise indique qu'il a été agrandi plus tard. Au fronton se trouvent encore murés un très vieux saint Nicolas (au milieu) et une tête de lion (à droite). C'est le sanctuaire le plus ancien des environs, lorsqu'aucune chapelle n'existait dans les bourgs voisins. La chapelle de Kanfen fut transformée en maison d'habitation et son église isolée (dans le Keybourg) au-dessus du village est une église-mère, le presbytère possède encore des écuries (Sur la route se dressent des croix d'âge très différent; au vieux cimetière d'Entrange se trouve une pierre tombale portant le nom de Schwitzer et l'année 1685).

        La dernière croix en pierre d'Algrange, sur le chemin de la Belle-Vue " d'Aelenkreiz " (et non Erlenkreutz), fut renversée accidentellement en 1944 pour attendre sa résurection, comme Escherange tout près et les villages de la Seille et du pays de Bitche.

        En 1650 (comme la plaque l'indique - Pierre des Croates ou Kroatenstein) recommença la construction du village sur l'actuelle place du marché où, cinquante années plus tard, fut érigée l'église paroissiale (peut-être la première) qui dura jusqu'en 1904. Angevillers (évacué dès 1940) possède deux églises comme le petit Boussange près de Richemont, et Terville, tandis que Rochonvillers et Escherange n'en ont encore pas, mais les coeurs sincères n'ont pas besoin de palais....

         Aussi malaisé qu'il est d'évoquer l'Algrange d'autrefois, il est difficile d'y chercher la Lorraine telle que nous la connaissons sur la Bibiche, sur la Nied ou encore Fontoy qui a toujours parlé le même patois qu'Audun le Roman, le vieux Knutange au patois français un peu différent (jusqu'en 1870, les conscrits se rendaient encore à Audun le Roman!). L'étranger sans connaissances de français préfèrera pour cette raison Algrange à Fontoy ou Hayange, et ceci donne à Algrange la renommée d'être la " Hochburg " allemande. N'oublions pas que la ville a été construite et peuplée à 90% par les Allemands, contrairement à ce qui s'est passé à Nilvange tout proche, essentiellement habité par des gens venus de toute la Moselle et de l'Alsace.

          Nilvange, en enlevant les cités ouvrières et les maisons construites vers 1900, n'était qu'une toute petite annexe de Knutange, sans école, sans église et sans mairie. Au milieu du hameau se trouvait une exploitation agricole (commissariat de police) et derrière l'actuel crassier (ban de Marspich) la ferme Konacker, où de nouvelles cités modernes ainsi qu'une chapelle, sont en construction. La population de cette importante cité ouvrière augmente sans cesse.

        Les expéditions de produits sidérurgiques et de minerai de fer classent la gare d'Algrange parmi celles ayant le plus grand trafic, bien que le transport de voyageurs s'arrête à Knutange-Nilvange depuis 1944. La ligne de tramway de Basse-Moselle, construite en 1912, refaite après la construction du nouveau pont (portier d'Algrange) a été abandonnée progressivement: cependant que la ligne Knutange-Algrange-Fontoy fut déjà supprimée en 1950 et remplacée par les autobus de la Transf-Fensch qui desservent toute la vallée de la Fensch et donnent une impression de la vie fiévreuse des villes. La suppression du tronçon de Fameck eut lieu quelques temps après, suivie tout aussitôt de celui de Neufchef par la côte de Sainte-Neige. La dernière ligne encore en service, de Hayange jusqu'à l'entrée de Thionville, fut remplacée définitivement par des cars et les vieux tramways ont disparu de la vallée depuis le 22 septembre 1952. Avec cette date coïncide la démolition de la vieille mairie de Hayange, en face de la place Saint-Martin. La ville, épargnée des destructions de la guerre, compte 2000 expulsés et déportés; elle reçut la Croix de Guerre le 5 octobre 1952.

Récits et nouvelles d'Algrange, des origines à 1952

C'est qu'en 1912, la grand'rue était tellement étroite qu'il fallut arracher trois maisons et reculer celle portant la plaque de 1636 afin que le tramway pût passer. Aujourd'hui, un éclairage des plus modernes et l'élargissement de l'artère principale avec des trottoirs plus commodes s'ajoute à la propreté générale de la petite ville qui possède une piscine que d'autres villes plus importantes n'ont pas.

Récits et nouvelles d'Algrange, des origines à 1952

L'ancien lycée mixte (Realschule) ne fut plus réouvert après l'armistice de 1918. Cette école, installée en haut de la rue des Jardins (où il n'y a plus de jardins!) avait six classes et une classe préparatoire. Les étudiants portaient la coiffure colorée des étudiants allemands et sortaient comme bacheliers après l'examen de première. En ce temps-là, principalement pendant les fêtes de Carnaval et de la Sainte Barbe, célébrées avec éclat, l'animation était très grande, et les anciens disent encore aujourd'hui  " qu'il fallait voir çà ". Peut-être pour cette raison, le nombre des auberges était-il supérieur à ceux des communes voisines et le pourcentage des cafés étonnera encore aujourd'hui le visiteur.

          Un petit peu avant la chapelle Saint-Antoine se dresse l'important hôpital des Mines et Forges - le métier est dur est dangereux. Le Lorrain n'a jamais été attiré par le travail à la mine, il aime voir le ciel de la terre natale de ses ancêtres et les usines lui conviennent mieux. Les premiers mineurs étaient des Allemands de la Eiffel et de Hessen-Nassau, renforcés vers 1900 par des ouvriers italiens qui ont fait souche ici et leurs enfants, plus bruyants que les Lorrains, se considèrent comme étant du pays.

        En plein centre industriel, les accidents sont plus fréquents qu'ailleurs; la mine est meurtrière et le cimetière a dû être agrandi (un éboulement de la mine Rochonvillers coûta, en janvier 1919, la vie à 25 mineurs du fond). Une partie de la nécropole, réservée aux soldats de différents pays morts à Algrange, loin de leur patrie, est toujours soigneusement entretenue, comme le reste d'ailleurs.

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  Vers cette époque, le nombre des habitants diminua quelque peu, ce qui changea naturellement  la physionomie générale à beaucoup de point de vue. Par la suite, des ouvriers d'autres nations, principalement des Russes et des Polonais, sont venus pour renforcer les effectifs, déjà assez cosmopolites. Algrange est, nous l'avons dit, une importante agglomération ouvrière sans caractère urbain proprement dit, administrée par des ouvriers pour les ouvriers, employés et commerçants.

        Les réunions contradictoires lors des diverses élections, législatives et autres, connurent (cela se perd!) toujours une très grande participation et, à certains moments, les passions des partis se concrétisaient par des " manifestations " pacifiques (ex. Hagondange, Amnéville). Les grèves n'ont jamais pris une tournure tragique ou l'aspect de révoltes.

          C'était (avec la mode des cheveux " à la garçonne" !) l'ère du syndicalisme avec la journée de huit heures et les allocations familiales; le congé payé ne fut obtenu que sous le gouvernement du Front Populaire. Si, jusqu'ici, on n'avait entendu parler que du socialisme parmi les mouvements ouvriers, le parti communiste fut créé et, sauf dans les centres ruraux, possède ses fiefs dans les grands centres industriels. Chose étrange que l'on peut constater partout: on trouve rarement des gens du terroir dans les conflits sociaux et les " démonstrations " se composent principalement de personnes d'autres régions, de naturalisés et d'étrangers qui, en toute justice et sans rien exagérer, font un très mauvais usage des lois de l'hospitalité.

        Ajoutons à cela les maladresses et vexations volontaires ou involontaires de gens venus des autres départements, dont les capacités ne correspondaient pas toujours aux fonctions, et l'on ne trouvera plus étonnant de parler de certains " malaises " soigneusement entretenus par une presse haineuse et anti-sociale (Wolkszeitung). Le Lorrain est discipliné et travailleur, mais il n'aime pas que l'on se moque de lui; il es sur la terre natale et tient au respect qu'on lui doit.

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Une particularité surprendra également le visiteur à Algrange: ici, chacun remplit ses loisirs comme il l'entend et ne s'occupe pas de ses voisins; il n'y a pas de commérages comme dans les petits bourgs où chacun se connait. Si des petits méfaits sont commis de temps en temps, les crimes passionnels semblent être le monopole des centres sur la route nationale, et Algrange ne touche pas directement aux autres localités. La cité s'étend sur plus de trois kilomètres, entre les collines, et ne semble plus pouvoir s'agrandir beaucoup. Les maisons de la rue Marie Douchet furent terminées avant 1939, mais aujourd'hui, bien peu de personnes (et surtout des ouvriers!) peuvent songer à leur propre maison, la dernière guerre y est pour beaucoup.

         Le 13 juin 1940, on rapportait " qu'il se passait quelque chose " à Angevillers. La garnison du camp se retira, les ouvrages attendaient l'attaque, ce fut la débâcle et ses suites. La cité ouvrière retrouva subitement le silence d'avant 1870; les mines et usines étaient fermées et ne reprirent leur activité qu'en août 1940, lorsque le personnel revenait petit à petit d'Allemagne, où il avait travaillé, ou d'une captivité sans gloire.

         Avec des affiches, montrant  le partage de  la Lotharingie au temps de...Charlemagne, la  " Civil-Verwaltung " fut établie avec ses comités d'épuration et les expulsions commencèrent. Au cours des expulsions de 1918, il y eut peut-être des " maladresses ", car des Allemands, restés sur place et naturalisés par la suite, se sont tenus à l'écart de tout compromis, à l'encontre de certains " matadors ", n'agissant pas par conviction subite, mais uniquement par intérêt ou par vengeance. Ici, on chassait purement et simplement des gens de chez nous, dont la seule faute était celle d'être Lorrain.

Récits et nouvelles d'Algrange, des origines à 1952

Si ces expulsions arbitraires furent proportionnellement moins nombreuses qu'à Neufchef par exemple, le nombre des " Malgré-Nous ", dont beaucoup avaient été soldats français, est plus élevé. Il se solde pour Algrange au chiffre de 81 non rentrés à la date d'aujourd'hui, 50 pour Nilvange et 18 pour Knutange sur un ensemble de 12000 pour les trois départements.

           Lorsque les sirènes se turent en août 1944, ce fut le signal de journées tragiques pour Algrange et ses environs, mais surtout pour les ouvriers et leurs familles sans ressources et sans ravitaillement. L'escarmouche du plateau d'Algrange coûta la vie de deux habitants et causa quelques légères détériorations aux maisons. Ce furent des moments très pénibles pour les habitants et les municipalités pour assurer leur ravitaillement.

         Beuvange-sous-Saint-Michel (où un avion américain tomba en flammes, un autre au Witten, au-dessus d'Algrange) fut soumis par l'artillerie américaine à un feu de barrage qui fit croire au jugement dernier, mais les petits obus n'avaient qu'un effet démoralisant qui obligea les habitants du village à passer la nuit du 2 au 3 septembre dans les caves. Un de ces obus incendia la ferme à la sortie de Beuvange (vers Thionville) où passèrent au grand matin les derniers soldats de la Wehrmacht, venant de Metzange....

         Au printemps 1945, les expulsés et déportés revînrent petit à petit à Algrange et ceci n'était pas fait pour calmer les esprits...

Récits et nouvelles d'Algrange, des origines à 1952

Les personnes expulsées en 1940 étaient au nombre de 679. Plus tard, 102 furent déportées ou " transplantées ", désignées à leur retour sous le nom de "displaced people" (ce qui a donné, à tort, l'expression de " personnes déplacées ", comme si la langue française n'était pas assez riche). Sur 187 jeunes gens incorporés par les Allemands, 81 ne sont pas revenus (43%); ceci représente probablement le chiffre le plus élevé de toute la Moselle.

        Algrange, entouré de ses collines aimables, d'où le regard des promeneurs, plonge sur Thionville et la Moselle vers Sierck et le Luxembourg voisin, aspire comme tout le monde à cet idéal de l'humanité que rappelle l'ancien nom de l'usine: La Paix.

        Sa municipalité s'occupe avec sollicitude des nombreuses écoles et des vieux qui contribuèrent à bâtir Algrange. Au 14 juillet, la recette d'un match de football des vétérans est pour les " anciens " qui reçoivent différents dons au courant de l'année, sans oublier la fête des Mères, sous les arbres de la " Philippsburg ". La compagnie des Sapeurs Pompiers (cinquantenaire) possède une des meilleures musiques de la contrée (école de musique rue Jean Burger).

         Les magasins en tous genres sont nombreux, les trois grands cinémas, plaisir populaire par excellence, ont une fidèle clientèle, comme le terrain de football a ses " mordus " et, lorsque tintent les heures du soir, des milliers de braves gens pensent au travail du lendemain, blason en lettres d'or de la Cité du Fer.

 

                N'oublions pas que ceci a été raconté en 1952

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