La vassale d'Alkerengis ou d'Algrange (1987)

On dit que certains champignons poussent en une nuit mais on ne savait pas qu'il pouvait en être de même pour les statues, encore que celles de l'île de Pâques aient tout à fait l'air d'avoir fait le coup il y a déjà longtemps. Celle dont je veux vous parler aujourd'hui est moins haute et plus jeune. Elle vient d'éclore sur un carré de terre aux abords des anciens bureaux de la mine d'Angevillers, rue de Londres. C'est comme cela que naissent les légendes....

C'est vrai qu'on la dirait sortie de terre. On la trouve mignonne et rude à la fois. Sa présence soudaine en ce lieu et l'impression de puissance qui semble se dégager d'elle nous étonnent.

Pour un peu, à force de la regarder, on en viendrait à croire qu'on l'a déjà rencontrée. Heureusement, une plaque gravée vient à point nommé nous signaler qu'elle est une sculpture légendaire, artistiquement taillée dans la pierre par Antoine GALLON. Elle a été sculptée dans une roche volcanique....

Mais le mystère n'est pas éclairici pour autant. En effet la sculpture en question est censée représenter " La vassale d'Alkerengis ", à l'époque carolingienne, vers l'an 865. Nous sommes alors sous le règne de Lothaire II, qui donna son nom à notre belle province et il est probable qu' Algrange ait déjà été Alkerengis cette année-là, même si l'on ne trouve ce nom que dans un document daté de 875 par lequel Louis le Germanique autorise l'abbaye Sainte-Glossinde de Metz à y prélever la dîme.

Il faut savoir, en effet que dès le IVe siècle, mais surtout au Ve siècle, des peuplades germaniques, Francs et Alamans essentiellement, s'installèrent dans notre région et y tinrent des exploitations rurales. Les chefs donnèrent à ces exploitations leur nom qu'ils firent suivre de la terminaison " ing " qui peut signifier la famille, les gens et éventuellement la tribu.

Ce fut probablement le cas d'Algrange qui dut donc s'appeler un jour Alkering, c'est à dire le domaine d'ALKER. Au fil du temps ce suffixe " ing " a été conservé en certains endroits mais il a aussi évolué en " engis ", " inges " ou souvent " ingas ". La terminaison " ange " n'est apparue qu'au XIIIe siècle avec l'essor des parlers romans. (Algerange en 1206) tandis que les secteurs où prédominaient les parlers germaniques voyaient le " ing " devenir " ingen ".